Le Faucon pèlerin (Falco peregrinus) est une espèce de rapaces robuste, de taille moyenne, réputé pour être l’oiseau le plus rapide du monde en piqué. Ses proies sont presque exclusivement des oiseaux, mais certains individus peuvent également s’attaquer à de petits animaux terrestres. Ce faucon ne construit pas de nid, et niche essentiellement sur des falaises, plus rarement sur des arbres, des structures ou des bâtiments élevés. Ses populations ont très fortement diminué après la Seconde Guerre mondiale, en particulier du fait de la pollution au DDT. Depuis sa protection dans les années 1970, ses populations sont à nouveau en expansion.
L’aire de répartition de l’espèce s’étend sur 10 000 000 km2. Elle compte une vingtaine de sous-espèces et c’est l’un des oiseaux dont l’aire de dispersion est la plus importante au monde, l’espèce étant en effet présente sur tous les continents sauf l’Antarctique. Il a souvent été apprivoisé dans le cadre de la fauconnerie, tout en ayant été – comme les autres falconidés – considéré en Europe comme nuisible à l’état sauvage.
Chez la sous-espèce nominale Falco peregrinus peregrinus, le dos est gris foncé, le ventre est crème avec des dessins noirs. Les joues sont blanches, avec une sorte de tache noire en forme de favori. Les pattes sont jaunes, le bec est noir-bleuté, court et recourbé dès la base et les yeux sont noirs. Les juvéniles sont bruns avant de prendre la couleur des adultes. De légères variations peuvent exister au sein des autres sous-espèces. Comme pour les autres Falconidae, la femelle est plus grande et plus lourde que le mâle, parfois de 30 % (on parle souvent des mâles comme étant des tiercelets). Les narines de l’animal sont également dotées de sortes de déflecteurs, de cônes irréguliers (comme l’entrée des réacteurs d’avions), qui lui permettent de respirer pendant ses piqués.
Mâle | Femelle | |
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Taille | 38 à 46 cm | 46 à 54 cm |
Envergure | 90 à 100 cm | 104 à 113 cm |
Poids | 600 à 750 g | 900 à 1 300 g |
Le Faucon pèlerin est un animal plutôt silencieux. Son cri le plus fréquent est un « ka yak, ka yak » assez perçant et sec. En cas d’alerte, le cri est un rapide « kek-kek-kek » qui peut aller en s’amplifiant si un intrus continue de s’approcher. Il existe aussi un cri plus traînant au moment des parades d’accouplement. On dit que le faucon huit ou qu’il réclame. Pour entendre un cri :
Les yeux des Faucons pèlerins ont deux fovéas, pour les vues normale et lointaine. La vue utilise la moitié du volume du cerveau et peut percevoir en même temps trois zones, une frontale en relief et deux latérales lointaines, capables de détecter un pigeon en vol à plus de six kilomètres.
Certains animaux captifs ont vécu jusqu’à 25 ans (record enregistré), mais la durée de vie dans la nature est beaucoup plus courte, de l’ordre de 13 ans en moyenne. Le taux de survie des adultes est estimé à 70 %.
Comportements et reproduction
Les Faucons pèlerins ne sont pas des animaux grégaires. Même dans les zones avec des populations relativement importantes, les nids restent généralement à au moins un kilomètre les uns des autres et souvent beaucoup plus. Il s’agit pour chaque couple d’avoir un territoire nourricier suffisant. De fait, « la taille du domaine dépend surtout de l’abondance des proies ; elle peut ainsi varier de 50 ou 60 km2 dans d’excellentes conditions à 140 km2 dans les régions moins bien pourvues ». La population est donc assez dispersée et reste bien moins dense que celle d’oiseaux vivant en groupes, voir parfois en immenses troupes.
En France, c’est un animal sédentaire. Il en va de même pour la majorité des populations de la planète. Cependant, en Europe du Nord, en Sibérie ou en Amérique septentrionale, où le climat est plus froid, les populations sont migratrices, descendant vers le sud pour hiverner. L’hivernage peut se produire dans le sud de l’Europe et jusqu’en Afrique (pour les populations nord-européennes), ou jusqu’en Amérique du Sud pour les populations nord-américaines.
Falco peregrinus est un mauvais planeur. Il pratique surtout le vol battu rapide suivi de courts vols planés horizontaux ou de glissades descendantes.
Comme les autres Falconinae, le faucon pèlerin ne fait pas de nid. « Il se contente d’une simple corniche rocheuse d’au moins 45 cm de large, garnie de terre, de granulats ou de débris végétaux. La femelle se borne à y aménager, à l’aide de ses pattes, une cuvette sommaire qu’elle façonne par des pressions répétées de la poitrine. Le couple peut disposer de plusieurs emplacements de cette sorte, mais privilégie l’un d’eux. Là où les parois rocheuses font défaut, le faucon pèlerin s’installe dans le vieux nid d’une autre espèce, souvent celui d’un corvidé ou d’un autre rapace ».
Dans une falaise, « plusieurs « emplacements » sont grattés, aussi bien par le mâle que la femelle, mais c’est la femelle qui, au dernier moment, fait le choix de pondre dans l’une ou l’autre des « coupelles de grattage » qui deviendra « l’aire » » de reproduction.
C’est un faucon que l’on peut rencontrer partout ou presque : en Europe, en Amérique du Nord, en Amérique du Sud, en Afrique (du Maghreb à l’Afrique du Sud), en Asie et en Océanie (Australie, Nouvelle-Calédonie, Vanuatu, Fidji, Samoa, mais pas en Nouvelle-Zélande). Sur les continents précités, il évite les forêts tropicales, les zones totalement gelées (centre du Groenland, par exemple), et le cœur des déserts les plus secs. Cette répartition extrêmement vaste explique « le nombre de sous-espèces reconnues [qui] varie de 16 à 25 » selon les auteurs.
En voici les principales :
- Falco peregrinus peregrinus (Tunstall, 1771), la sous-espèce nominale (celle qui a servi à décrire l’espèce), dans l’Ouest de l’Eurasie et jusqu’au fleuve Ienisseï (centre de la Sibérie) et à l’Himalaya. Non migrateur.
- F. p. cassini (Sharpe, 1873) vit au sud de l’Équateur, en Bolivie, au nord de l’Argentine, aux îles Malouines, et au Chili. Un faucon de couleur pâle.
- F. p. japonensis (J. F. Gmelin, 1788), parfois appelé F. p. harterti, vit en Sibérie, au Kamtchatka et au Japon.
- F. p. furuitii, vit au sud du Japon, sur Volcano Island, et peut-être sur les îles Bonin. Sédentaire. Considéré comme menacé et comme la plus rare des sous-espèces.
- F. p. peregrinator (Sundevall, 1837), vit en Asie du Sud, du sud de la Chine au Pakistan, en passant par l’Inde et le Sri Lanka. Non migrateur.
- F. p. pelegrinoides, des îles Canaries à l’Irak (peut-être à l’ouest de l’Iran), à travers l’intérieur de l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient.
- F. p. nesiotes (Bangs et Zappey, 1905), vit en Océanie (Nouvelle-Calédonie, Vanuatu, Fidji). Non migrateur.
- F. p. macropus (Swainson, 1838) vit en Australie, à l’exception du sud-ouest. C’est un faucon très sombre, totalement sédentaire.
- F. p. submelanogenys (Mathews, 1912), vit dans le sud-ouest de l’Australie. Sédentaire.
- F. p. minor (Bonaparte, 1850) vit en Afrique sub-saharienne, du sud du Maroc à l’Afrique australe (Afrique du Sud, Zimbabwe…). Non migrateur.
- F. p. anatum (Bonaparte, 1838) est surtout trouvé dans les montagnes Rocheuses et l’est de l’Amérique du Nord, de l’Alaska au Mexique. Seuls les oiseaux les plus nordiques sont migrateurs. Une compilation d’études de la fin des années 1990 donne 1 700 à 1 800 couples reproducteurs. Cette sous-espèce présente un dos grisâtre, une poitrine de teinte saumon finement striée et de larges favoris.
- F. p. brookei (Sharpe, 1873) vit en Europe du Sud, en Crimée et dans le Caucase, ainsi que dans le nord du Maghreb. Il est plus petit que la variété nominale.
- F. p. calidus (Latham, 1790) se reproduit dans les toundras du nord de l’Eurasie, et est totalement migrateur. Il hiverne dans le sud de l’Europe, en Chine et jusqu’en Afrique subsaharienne. Il est plus grand et plus clair que la sous-espèce nominale. Quinn et Kokorev estimaient en 2000 la population totale entre 2 300 et 5 000 couples reproducteurs.
- F. p. tundrius (C. M. White, 1968) se reproduit dans les toundras du nord du continent nord-Américain, de l’Alaska au Groenland. Il est totalement migrateur. Il hiverne dans le sud, parfois jusque dans le centre de l’Argentine. Certains considèrent que calidus et tundrius sont en fait une seule et même sous-espèce. Il y aurait de 1 000 à 20 000 couples reproducteurs au Groenland (Mattox 1993), et quelques centaines de plus sur le continent. Cette sous-espèce présente une coloration plutôt brune, une poitrine striée et des favoris étroits.
- F. p. madens (Ripley et Watson, 1964), vit dans les îles du Cap-Vert (Afrique). Non migrateur.
- F. p. radama, vit à Madagascar et aux Comores. Non migrateur.
- F. p. ernesti (Sharpe, 1894), vit en Asie du Sud (Malaisie, Philippines, Nouvelle-Guinée, Archipel Bismarck…).
- F. p. pealei (Ridgeway, 1874) sur la côte pacifique, au nord-ouest de l’Amérique du Nord (îles de la Reine-Charlotte, îles Aléoutiennes, côte américaine, de l’État de Washington à l’Alaska). Il n’est pas migrateur. Assez rare, cette sous-espèce est aussi la plus grande puisqu’on y trouve parfois des femelles pouvant dépasser 1,5 kg. Elle présente de larges stries sur la poitrine (sans teinte saumonée) et de fines stries sur la plage pâle bordant chaque favori. D’après des estimations assez anciennes (Ambrose et al. 1988 – Munro 1988), il y aurait 700 couples reproducteurs.
- Il peut aussi exister des hybrides de deux sous-espèces, là où celles-ci se rencontrent. Il en est ainsi du Faucon pèlerin « atlantis », croisement de Falco peregrinus minor X F. p. brookei.
Falco peregrinus pelegrinoides, (ou F. pelegrinoides, selon les auteurs) le « Faucon de Barbarie », était traditionnellement considéré comme une sous-espèce du Faucon pèlerin, mais est de plus en plus considéré comme une espèce à part entière. F. p. babylonicus, habitant de l’est de l’Iran à la Mongolie, est considéré par certains comme une sous-espèce du « faucon de Barbarie ».
Expansion
Le DDT a été interdit ou fortement règlementé dans les pays développés au début des années 1970 (au Canada en 1969, en France et aux États-Unis en 1972), et les Faucons pèlerins placés sur la liste des espèces protégées. En France, l’animal est sous protection intégrale depuis 1976. Dans l’Union européenne, il est en annexe I (protection maximale) de la Directive oiseaux.
Menaces
La fauconnerie
Le Faucon pèlerin est à la fois un prédateur et un animal domestiqué, deux types d’animaux qui ont toujours attiré l’attention des cultures humaines. Il existe cependant plusieurs dizaines d’espèces de faucons, et il est parfois difficile de faire la part entre l’influence du Faucon pèlerin et celle de ses cousins.