aythya ferina

Fuligule milouin ( Aythya ferina)

Le Fuligule milouin (Aythya ferina) est une espèce de canards plongeurs appartenant à la famille des anatidés.

C’est un canard de 42 à 49 cm de long avec une envergure de 70 à 80 cm, pesant entre 700 et 1 100 g.

En plumage nuptial, le Fuligule milouin mâle semble avoir, de loin, un dos blanc ; mais, de plus près, ce blanc est un gris très clair finement vermiculé, encadré de noir à la poitrine et à l’arrière. Le cou et la tête sont d’un brun rouge éclatant, terminés par un bec noir barré de bleu. Les yeux sont rouge orangé et les pattes grisâtres. En plumage internuptial, l’essentiel du corps vire au gris sale tandis que les couleurs de la tête, de la poitrine et l’arrière se délavent.

Les femelles, moins brillantes, sont grises avec la tête et la poitrine plus sombres et plus brunes, à l’exception des cercles orbitaux et d’une zone indistincte marquant nettement les joues. Le dos, les flancs, les scapulaires et les couvertures alaires présentent des marbrures grises et brunes, plus sombres à l’arrière du corps.

Les juvéniles, plus ternes, ressemblent aux femelles mais les marques brunes et grises sont moins mêlées.

En vol, une bande un peu plus pâle, mais peu contrastée, marque toute la longueur des ailes en arrière des couvertures.

De décembre à février, la masse moyenne du Fuligule milouin varie beaucoup d’un site à un autre : par exemple de 22 % chez les mâles et de 12 % chez les femelles entre la Camargue (avec des moyennes respectives de 849 et 807 g) et le sud de la Mer caspienne (avec des moyennes respectives de 1 095 et 905 g). Les minima sont plus faibles en Camargue que sur le lac de Sempach (Suisse) mais la masse des oiseaux y augmente jusqu’en février tandis qu’à Sempach celui des mâles diminue de 12 % entre décembre et mars et celui des femelles de 16 %.

Le Fuligule milouin est une espèce paléarctique que l’on trouve principalement entre les 20e et 65e parallèles. Son aire de reproduction est continue du Lac Baïkal à la Pologne puis fragmentée plus à l’Ouest et au Sud jusqu’en Irlande, en Italie, en Espagne, au Portugal, en Afrique du Nord et en Turquie. La Dombes, le Forez, la Sologne et la Brenne sont les principaux sites de reproduction en France, mais l’espèce niche çà et là dans les deux tiers Nord du pays.

Cette aire de répartition actuelle résulte d’une expansion vers l’ouest qui a commencé au XIXe siècle. Cet oiseau s’implante en Finlande, en Suède et au Danemark entre 1850 et 1870. Il arrive ensuite avant 1900 aux Pays-Bas et en Écosse, et gagne aussi le sud de la Bohême, la France et l’Angleterre.

260 000 à 360 000 couples de fuligules milouins se reproduisent en Europe. Presque un tiers de cet effectif peuple la Russie (90 à 100 000). Les populations sont supérieures à 10 000 couples dans sept autres états : Pologne (40 à 70 000), Roumanie (20 à 40 000), Ukraine (25 à 28 000), Hongrie (20 à 30 000), République tchèque (10 à 20 000), Allemagne (23 000) et Finlande (12 à 15 000). Plusieurs milliers de couples se reproduisent également en Lituanie (7 à 9 000), Biélorussie (7 à 8 000), Slovaquie (2 à 3 000), Espagne (3 000 à 3 500), France (2 600 à 3 000) et Suède (1 500 à 5 000).

Le Fuligule milouin mange pratiquement tout ce qu’il peut atteindre en plongeant depuis la surface. Néanmoins, il se nourrit surtout de graines, de racines, de feuilles et de bourgeons de plantes aquatiques telles que les lentilles d’eau et les potamots. En plongeant il capture également des mollusques, des crustacés, des vers et des larves d’insectes. Le milouin s’alimente principalement le matin et le soir. Il disparaît sous l’eau après un petit bond et reste normalement immergé 13 à 16 secondes. Il préfère se nourrir en eau claire, entre 1 et 3,50 mètres de profondeur mais il peut aussi se contenter de barboter en eau peu profonde.

La femelle effectue une ponte de 8 à 10 œufs par an en avril et mai. Le nid est au sol, près de l’eau dans une roselière. Il est fait d’herbes, de feuilles, de bois et de plumes. La majorité des couples nicheurs établissent leurs nids dans les baldingères bordant la zone en eau du centre du lac. Quelques rares couples nidifient plus loin, le long de douves et bassins dans les roselières boisées.

Les nids sont donc établis souvent près de la zone des herbiers constamment en eau. Ceux-ci sont installés au cœur de la végétation, parfois même au bout d’un tunnel sous les baldingères, souvent à moins de 10 cm de l’eau. Dès la naissance des poussins, la femelle les conduit à l’eau et dans les nénuphars, à découvert. Entre leur naissance et leur envol, les poussins auront parcouru de longues distances. Les nichées sont effectivement itinérantes, recherchant par exemple la protection offerte par une colonie de Guifettes moustacs ou de Mouettes rieuses.

Cette espèce compte parmi les plus sensibles au saturnisme aviaire faisant suite à l’ingestion de grenaille de plomb confondues avec le grit. Ce phénomène semble nettement plus accentué en Europe qu’en Amérique du Nord (cf. Graphique ci-contre), ce qui peut s’expliquer par une pression de chasse plus intense, plus ancienne et plus concentrée sur les zones humides. Depuis quelques années le plomb de chasse, toxique est interdit sur les zones humides ou pour les tirs effectués en direction des zones humides. Les oiseaux restent néanmoins exposés au stock des milliards de billes de plomb dispersées dans la nature par des décennies de chasse à la grenaille de plomb.