Le Guêpier d’Europe (Merops apiaster) est une espèce d’oiseau appartenant à la famille des Meropidae.
De la taille d’une grive draine (de 28 cm pour un poids moyen de 60 g et une envergure de 45 à 50 cm), le Guêpier d’Europe a des cris roulés caractéristiques permettant de le reconnaître même quand on le discerne à peine dans le ciel. Alors qu’il excelle dans les airs, il paraît plutôt maladroit au sol. Mais ses couleurs aux reflets métalliques sont composées du bleu-vert turquoise du ventre, du poitrail et du bas des ailes, brun-roux sur le dos, la calotte et le haut des ailes, vert sombre de la queue, noir du bec légèrement incurvé et comme prolongé d’un trait de plumes également noires, iris rouge dans un œil noir, jaune bordé de noir pour la bavette. C’est un oiseau européen et nord africain à la parure caractéristique même si cette palette est encore dépassée en couleurs par celle du Guêpier écarlate africain Merops nubicus.
Comme son nom l’indique, guêpes, abeilles, frelons et autres hyménoptères constituent le gros de sa nourriture mais il consomme aussi d’autres insectes : mouches, libellules, papillons, criquets, sauterelles, phalènes, termites qu’il chasse en général au vol, à la manière des hirondelles. On a observé au sud de la Pologne, que localement jusqu’à 20 % de la nourriture de la nichée consistait en libellules émeraude. Un chercheur a découvert un jour une centaine d’abeilles dans l’estomac d’un guêpier, près d’une ruche. On peut nourrir les oiseaux captifs de vers de farine et leurs besoins en eau sont minimes: « j’ai eu pendant plus de cinq ans des guêpiers qui n’ont pas bu une seule goutte d’eau durant leur captivité … Par contre, ils aimaient bien se faire asperger par la pluie », a noté Claus König de l’Observatoire National de Ludwigsburg.
Merops apiaster (Guêpier d’Europe) affectionne les berges sablonneuses des cours d’eau, les falaises d’éboulis où il creuse des terriers. Il semble de plus en plus fréquent dans le sud de la France, en Espagne et en Italie, mais il s’observe aussi dans les vallées de la Saône, du Doubs, de la Loire, de l’Allier, en Touraine, en Corse, en Bretagne (Baie d’Audierne) et même occasionnellement en région parisienne, voire en Allemagne où il a niché avec succès, en Grande-Bretagne, en Scandinavie… Il vit souvent en colonies et aime se percher avec ses congénères sur les branches saillantes, les fils électriques et les poteaux.
En période d’accouplement, le mâle claque bruyamment des ailes à côté de la femelle, puis exécute les mouvements saccadés de l’accouplement, les plumes arrière de la tête dressées et la pointe des ailes sous la queue avec de temps à autre un simulacre de mise à mort. Une fois le « mariage » accepté, le couple creuse une galerie d’habitation où après fécondation, la femelle pond cinq œufs en moyenne. Les deux partenaires se partagent la couvaison, qui dure trois semaines environ, et l’élevage qui dure de trois à quatre semaines au nid. Les jeunes sont alors plus lourds -jusqu’à 70 g- que leurs parents et doivent jeûner quelques jours avant le premier envol, ils sont encore nourris environ trois semaines tandis qu’ils apprennent l’autonomie.
Les abeilles d’Europe passent l’hiver blotties dans leur ruche, privant le guêpier de sa nourriture principale. La fin de l’été clôt donc la période faste pour les guêpiers qui entament un long et périlleux voyage. Venus d’Europe occidentale, de grands vols de guêpiers franchissent le détroit de Gibraltar et survolent le Sahara pour prendre leurs quartiers d’hiver en Afrique de l’Ouest. Les guêpiers d’Europe centrale et orientale traversent la Méditerranée et le désert d’Arabie pour hiverner en Afrique du Sud.
« C’est un stratagème extrêmement risqué que cette migration », souligne l’ornithologue britannique Hilary Fry. Lorsqu’ils convergent vers la Méditerranée, les guêpiers doivent souvent échapper aux faucons d’Éléonore qui, pour nourrir leurs petits, s’attaquent aux oiseaux en migration. « Au moins 30 % des oiseaux seront tués par des prédateurs ou par d’autres facteurs avant de pouvoir retourner en Europe au printemps suivant. »
Les guêpiers arrivés en Afrique, la saison des amours bat son plein. Les mâles demeurent avec leur propre clan ; les femelles partent ajouter leurs gènes à un groupe éloigné. Des mâles nés en Espagne rencontrent des femelles d’Italie, des oiseaux hongrois et kazakhs se lient ; des couples se forment pour la vie. Avril marque le retour vers l’Europe. Les mâles d’un an regagnent leur terre natale avec leur compagne.
Le Guêpier d’Europe bénéficie d’une protection totale sur le territoire français depuis l’arrêté ministériel du 17 avril 1981 relatif aux oiseaux protégés sur l’ensemble du territoire. Il est donc interdit de le détruire, le mutiler, le capturer ou l’enlever, de le perturber intentionnellement ou de le naturaliser, ainsi que de détruire ou enlever les œufs et les nids, et de détruire, altérer ou dégrader son milieu. Qu’il soit vivant ou mort, il est aussi interdit de le transporter, colporter, de l’utiliser, de le détenir, de le vendre ou de l’acheter.