La Linotte mélodieuse (Carduelis cannabina) est une petite espèce de passereaux bruns, à la poitrine rosée de la famille des fringillidés. Son gazouillis est agréable et doux, son vol vif et léger.
La linotte installe un nid fait à la va-vite, pas très loin du sol, sans trop sembler se préoccuper de le dissimuler aux yeux des prédateurs. Cela lui vaut peut-être cette utilisation péjorative de son nom dans le langage des humains : « tête de linotte ».
Cette espèce présente un dimorphisme sexuel : le mâle arborant une coloration rose intense au niveau du front et de la poitrine, absente chez la femelle.
Nicheuse en Europe occidentale, en Afrique du nord-ouest et en Asie Mineure avec une poche isolée en Asie centrale. Visiteuse d’été en Russie et dans le sud de la Scandinavie. Hivernant en Afrique du nord-est et à plusieurs endroits en Turquie et dans le nord de l’Iran.
En France, dès la fin-juillet, les linottes deviennent nettement grégaires et peuvent alors former des troupes comptant parfois plusieurs centaines d’oiseaux. Ces rassemblements restent formés tout l’hiver et visitent les vignobles, les friches, les chaumes, les labours, les prés non cultivés et même les terrains militaires et les aérodromes. Les linottes nichant en plaine sont vraisemblablement sédentaires ou erratiques, vagabondant çà et là en fonction des disponibilités alimentaires des milieux ouverts ; elles fuient en revanche l’enneigement prolongé. À l’automne, le passage débute entre les derniers jours d’août et la mi-septembre ; il culmine en octobre et s’achève à la mi-novembre. En plaine, les effectifs observés au passage sont nettement inférieurs à ceux en altitude.
Cet oiseau est représenté par cinq sous-espèces :
- C. c. cannabina (Linné, 1758) : Europe occidentale avec les îles Britanniques, sud de la Sandinavie, Russie jusqu’aux environs des monts Oural, Afrique du Nord, Proche-Orient, ouest de la Turquie et la plupart des îles de la Méditerranée (Baléares, Corse, Sardaigne, Sicile, Crète, Chypre) ;
- C. c. bella (Brehm, 1845) : centre et est de la Turquie, Proche-Orient, Caucase, nord de l’Iran, sud de la mer Caspienne puis, de façon discontinue, nord de l’Afghanistan et du Pakistan, Tadjikistan, Kirghizistan, Tarbagataï, monts Tian, sud-est du Kazakhstan, nord-ouest du Xinjiang, Altaï ;
- C. c. harterti (Bannerman, 1913) : îles Canaries orientales (Lanzarote, Fuerteventura, La Graciosa, Alegranza) ;
- C. c. meadewaldoi (Hartert, 1901) : îles Canaries occidentales (Ténérife, Grande Canarie, La Gomera, Hierro, Majorque) ;
- C. c. nana Tschusi, 1901 : Madère.
L’ancienne forme C. c. fringillirostris (Bonaparte & Schlegel, 1850), toujours reconnue par les auteurs kazakhs (Gavrilov & Gavrilov 2005), est maintenant incluse dans la sous-espèce C. c. bella. La forme C. c. guentheri Wolters, 1953 de Madère, est reprise dans la sous-espèce nana. Les formes C. c. autochthona (Clancey, 1946) d’Écosse et C. c. mediterranea (Tschusi, 1903) du bassin et des îles de la Méditerranée sont actuellement intégrées dans la forme nominale.
La linotte mélodieuse fréquente les zones découvertes à végétation buissonnante, la campagne cultivée notamment à proximité des haies, les terres arables entourées de broussailles et de buissons, les fourrés et les landes broussailleuses, les plantations de jeunes conifères, les vergers et les jardins.
En France, la linotte mélodieuse a une distribution irrégulière qui tient à ses exigences écologiques. Elle recherche avant tout les espaces ouverts où domine une végétation herbacée de préférence basse, voire rase ou absente, parsemée de quelques buissons. On trouve les densités les plus fortes là où alternent friches, labours, jachères, vignobles et de nombreux talus et chemins agricoles, ces derniers permettant l’existence de diverses graminées et plantes pionnières, fort appréciées par l’espèce. On peut aussi la trouver commune dans les tourbières, vignobles, gravières, alpages, terrains vagues, landes ou friches industrielles.
La linotte mélodieuse consomme essentiellement de petites graines des plantes adventices des cultures qu’elle prélève directement sur le plant ou qu’elle glane, plus souvent, sur le sol. Elle exploite aussi, à l’automne, les champs moissonnés notamment de colza. D’ailleurs son plumage gris, beige et brun se confond idéalement avec la couleur terre et paille des champs couverts de chaumes et revêt alors une valeur mimétique certaine.
Le nid consiste en une assise de brindilles et de rameaux avec une coupe de brins d’herbes sèches et de tiges de graminées (parfois encore avec leurs épillets), tapissée intérieurement de duvet végétal (aigrettes de plantes herbacées) et animal (laine, crin, poils). Il est habituellement placé à faible hauteur (entre un mètre et un mètre cinquante) aussi bien sur un buisson à feuillage caduque (souvent un prunellier) que sur un jeune conifère (habituellement un épicéa). Il contient généralement quatre œufs blancs légèrement bleutés, tachetés et ponctués de noir et de brun roux avec, généralement, des sous-taches grises.