apus apus

Martinet noir (Apus apus)

Le Martinet noir (Apus apus) est une espèce d’oiseau de la famille des apodidés.

  • Poids moyen : 38 à 50 g
  • Longueur : 16 à 17 cm
  • Envergure : 42 à 48 cm
  • Longévité : jusqu’à 21 ans.

Cette espèce se distingue aisément de l’hirondelle par ses ailes en forme de faucille, son corps plus effilé et plus grand, une coloration générale bien plus foncée et, mise à part sa gorge, l’absence de zones blanches. De même les grandes troupes qu’ils forment et les cris perçants qu’ils poussent sont caractéristiques. Ces poursuites stridentes, dans lesquelles à partir de la mi-mai on observe beaucoup de jeunes adultes non nidificateurs, marquent les limites de la colonie de martinets.

Excellent voilier, le martinet peut atteindre des vitesses de 140 à 150 km/h et passe sa vie entière dans les airs (4 mois/an). Il ne se trouve à terre que par accident et, bien sûr, l’été dans des anfractuosités de toutes sortes afin d’y couver.

Sa vitesse en fait l’un des animaux les plus rapides. Extrêmement précis, il est capable de rejoindre son nid via un petit orifice de quelques centimètres de diamètre, apparemment sans diminuer son allure.

Le martinet noir se nourrit du plancton aérien qu’il recueille dans les couches inférieures de la troposphère. Il capture plusieurs centaines d’espèces différentes d’arthropodes qu’il est capable de reconnaître en plein vol. Si les conditions météorologiques ne permettent pas une alimentation suffisante, le martinet peut changer de région. Il dort en volant en groupe de façon circulaire ou au gré de courants aériens en recherchant des zones d’inversion de température à environ 1 500 mètres d’altitude. Le suivi par radar de ces oiseaux a montré qu’ils volent de nuit jusqu’à 2,5 km, et qu’au crépuscule et à l’aube ils effectuent des vols ascensionnels qui semblent ne pas faire partie de leur cycle de sommeil, mais qui pourrait selon des scientifiques néerlandais leur servir « à récolter des informations sur les conditions atmosphériques », peut-être pour prédire la météo de la nuit et des jours à venir afin de savoir où aller chasser les insectes volants dont leur survie dépend.

Les martinets construisent leur nid dans des anfractuosités de murs et se voient le plus souvent dans les villes et les villages. Ils sont en général fidèles à leur nid qu’ils réutilisent chaque année. Celui-ci est constitué de toutes sortes de matériaux légers recueillis au gré des vents : plumes, brins d’herbes, feuillettes et même des papillons, des demoiselles, ou des petits bouts de plastique. La maturité sexuelle est atteinte à partir de la 3e année, même si certains individus ne se reproduisent pas avant leur 4e ou 5e année.

La femelle pond deux ou trois œufs qui sont couvés pendant 18 à 21 jours. Mâle et femelle se partagent la période de couvaison et se relaient régulièrement. Les deux parents s’occupent de l’alimentation des jeunes qui quittent le nid après une longue période de 39 à 42 jours. Les adultes stockent les insectes qu’ils capturent dans leur gorge, ce n’est que lorsque cette balle atteint 1 ou 2 g qu’ils reviennent nourrir leurs petits. Ceci leur permet de nicher en ville et d’aller chasser à une distance plus ou moins grande du site de nidification, exploitant ainsi les ressources en nourriture de façon optimale. Par mauvais temps, les jeunes martinets peuvent subsister plusieurs jours sur leurs réserves de graisse, période pendant laquelle ils entrent dans une léthargie. Un nouveau-né peut ainsi rester en vie sans nourriture au moins pendant 48 heures. Des oisillons un peu plus âgés peuvent survivre à des périodes de disette de plusieurs jours.

En temps normal, la croissance des jeunes est marquée par deux périodes d’amaigrissement, au moment de la formation du plumage et au moment de l’envol. Il n’est pas rare qu’à cette date les parents aient déjà débuté leur migration vers l’Afrique. Les jeunes se débrouillent tout seuls pour apprendre à chasser. Sauf exception, ils passeront près de deux ans sans se poser.

Le Martinet noir passe l’hiver en Afrique, principalement au sud de l’équateur, et migre à la fin du printemps. D’abord visible dans le sud de l’Europe, il gagne peu à peu l’ensemble du continent jusqu’à la Scandinavie. C’est une espèce migratrice qui, en été, a une aire de répartition couvrant une grande partie de l’Eurasie (Europe occidentale, bassin méditerranéen, Asie centrale, nord de la Chine) et qui rejoint en hiver un bon tiers de l’Afrique au sud de l’équateur

Le martinet est l’un des rares oiseaux qui apprennent à voler et à se nourrir sans l’aide de ses géniteurs, lesquels peuvent entamer leur migration sans attendre que leur progéniture soit autonome.

Au bord de leur nid, bien agrippés avec leurs serres, ils entraînent leurs ailes en battements rapides. Cela peut durer plusieurs jours. Ils quittent le nid dès qu’ils se sentent prêts, vers les 42 jours et il semble qu’ils entament immédiatement leur première migration vers le grand Sud, même s’il est très probable que certains restent encore un certain temps autour de leur colonie.

Un ectoparasite fréquent du martinet noir est un diptère hématophage, la « cratérine du martinet » ou anapère pâle (Crataerina pallida), qui peut l’épuiser s’il survient par grand nombre en temps de disette. La cratérine passe la mauvaise saison sous forme de pupe. Elle est présente partout où le Martinet se reproduit, sauf en Laponie où elle ne survit pas aux rigueurs de l’hiver.

  • Hirundo apus Linné, 1758

D’après Alan P. Peterson, cette espèce est constituée des deux sous-espèces suivantes :

  • Apus apus apus (Linnaeus) 1758
  • Apus apus pekinensis (Swinhoe) 1870
  • On constate, depuis quelques décennies – comme pour les hirondelles et de nombreuses autres espèces insectivores – un effondrement général de populations du martinet noir sur une grande partie de son aire potentielle de répartition.
    Parmi les explications figure la raréfaction de ses proies en raison d’un usage massif et croissant des insecticides ; En 1962, la biologiste américaine Rachel Carson publia le livre Printemps silencieux (Silent Spring) accusant le DDT d’être cancérigène et reprotoxique (il empêche la bonne reproduction des oiseaux en amincissant la coquille de leurs œufs). Ce livre créa un véritable tollé et fut à l’origine de divers mouvements écologiques. Il a encouragé des évaluations écotoxicologiques qui ont conduit – à partir des années 1970 – à peu à peu interdire le DDT dans certains pays. Ailleurs, son utilisation s’est poursuivie pour combattre des vecteurs de maladie, mais elle reste controversée (en tant que POPs, polluant persistant, et pour ses effets écosystémiques) ; 50 ans après l’appel de Rachel Carson, une étude d’histoire environnementale a analysé au Canada une couche de guano de martinets accumulé dans un dortoir utilisé par ces oiseaux de 1940 à nos jours. Elle a confirmé que le DDT a effectivement eu un impact considérable sur les oiseaux insectivores, en décimant un grand nombre des insectes dont ils se nourrissent (coléoptères notamment, leurs proies les plus nourrissantes).
    De plus, les constructions urbaines modernes offrent de moins en moins de sites de nidification favorables à cette espèce originellement inféodée aux falaises et qui avait trouvé dans les constructions humaines traditionnelles (tours, clochers, bâtiments élevés en pierres) des sites favorables (dessous de toit, trous entre les pierres).
  • Il existe aussi quelques phénomènes conjoncturels tels que des dépressions océaniques provoquant des périodes de mauvais temps continu au moment de la nidification, susceptibles certaines années de décimer les colonies de martinets (adultes reproducteurs et poussins). Seul le comportement particulier des jeunes adultes, qui consiste en une délocalisation massive vers des régions plus clémentes, peut les sauver.