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Oie cendrée (Anser anser)

L’Oie cendrée (Anser anser) est une espèce d’oiseau appartenant à la famille des Anatidae et à la sous-famille des Anserinae. Elle est l’espèce type du genre Anser. On regroupe dans l’espèce les populations d’individus sauvages, les individus des races domestiques, mais aussi des individus marrons, c’est-à-dire domestiques mais revenus à la vie sauvage, ainsi que, dans une certaine mesure, les individus hybrides. De fait, cette espèce présente une vaste aire de répartition.

Elle est, avec l’oie cygnoïde, un des ancêtres des oies domestiques ; sa domestication remonte à plusieurs milliers d’années.

Les populations sauvages sont protégées par l’Accord sur la conservation des oiseaux d’eau migrateurs d’Afrique-Eurasie (AEWA).

L’oie cendrée (Anser anser) est l’ancêtre de la plupart des races d’oies domestiques. Les individus sauvages ont une silhouette massive qui les distinguent des autres espèces d’oie. Ils mesurent entre 68 et 90 cm pour une masse de 2,5 à 3,6 kg et une envergure variant entre 147 et 180 cm. La queue mesure entre 129 et 150 mm, le tarse entre 73 et 82 mm.

Les mâles sont en moyenne légèrement plus grands (aile de 447 à 482 mm contre 412 à 468 mm) et plus lourds (3,6 kg contre 3,2 kg) que les femelles.

Les races domestiques sont plus grosses (elles peuvent peser jusqu’à 5,5 kg), de morphologie plus adaptée à la marche, de plumage plus variable et pondent davantage. L’hybridation rend les différences plus flagrantes encore.

Les variétés sauvages présentent un plumage gris-beige, plus sombre et brun sur la nuque, les flancs, le dessus des ailes et le dessus de la queue. Ces plumes brunes sont veinées du même gris-beige que le dessous de l’oiseau. Les flancs sont nuancés de brunâtre. Le ventre peut être parsemé de quelques taches noires mais cette coloration n’est jamais aussi étendue que chez l’Oie rieuse. Le croupion est blanc, tout comme l’arrière du ventre et les sous-caudales. Le bord d’attaque des ailes est bordé d’une ligne gris bleuté pâle. Les pattes sont rose chair, fortes et palmées. L’œil noir est cerclé de blanc.

Dans la nature, cette oie se distingue des autres espèces par sa grosse tête et son bec massif (54 à 73 mm). Ce bec est orange ou rose selon les sous-espèces, avec l’onglet blanc.

Les jeunes ressemblent aux adultes, mais leurs pattes sont grises et l’aspect des plumes au niveau du cou, du dos et des flancs est moins veiné, plus uniforme ; en outre ils n’ont jamais de taches noires sur le ventre.

Les oisons de type sauvage sont couverts d’un duvet marron ou jaune-olivâtre sur le dessus, et jaunâtre en dessous.

Les individus de l’Europe de l’Ouest (Anser anser anser) ont le bec orange et sont un peu plus petits, plus sombres et une teinte plus grise que les individus asiatiques (Anser anser rubirostris), qui eux ont le bec rose. Les individus d’Europe de l’Est ont souvent une apparence intermédiaire entre ces deux sous-espèces (bec rose et orange).

On observe, chez les populations centrées autour de la mer Baltique, que leur bec est terminé par un onglet corné, ce qui permet à ces individus une extraction plus facile des tubercules, bulbes et racines, tandis que les populations centrée sur la Norvège ont un bec plus court, ce qui facilite le cisaillage des plantes herbacées.

Le plumage des races domestiques est très variable. Il peut être blanc, gris-marron (proche de la variété sauvage) ou entre ces deux couleurs. Il existe des dizaines de races domestiques, avec de nombreuses variations dans la taille de l’oiseau et la couleur de son plumage. Chez certaines variétés domestiques, il existe un dimorphisme sexuel, mais pas chez les sous-espèces sauvages.

D’un naturel sociable, l’oie cendrée devient extrêmement grégaire durant la migration. Les dimensions des groupes d’oies vont du petit groupe familial jusqu’à des rassemblements de plusieurs milliers d’individus. Pendant la saison de nidification, le mâle devient territorial et défend les abords du nid contre les intrusions.

C’est une espèce monogame, les couples se forment pour toute la vie. En cas de disparition d’un des deux conjoints, le survivant peut s’infliger, avant de reformer un couple, un célibat prolongé, voire un veuvage définitif.

Cependant, les aviculteurs parviennent à obtenir qu’un jars (oie mâle) se lie préférentiellement avec plusieurs femelles (jusqu’à six). Cependant, dans les troupeaux de plus de vingt individus où ce ratio est conservé, les liens se distendent et les relations privilégiées entre conjoints disparaissent.

Les colonies, souvent composées d’individus de la même famille, disposent d’une hiérarchie sociale. Quelques mâles dirigent le groupe et surveillent l’apparition éventuelle de prédateurs pendant les périodes d’alimentation.

L’oie est un oiseau peu bruyant sur les lieux de gagnage, mais bien davantage en vol.

Le cri de contact se compose de trois à cinq éléments : ga ga ga, ang ang ang ou ong ong ong. Le passage des oiseaux migrateurs est souvent repéré grâce aux cris fréquents, aigus et puissants émis par cet oiseau (entendre le cri sur cette page).

La femelle couveuse défendant son nid émet des sifflements dissuasifs.

Les oisons produisent de petits cris de contact : vivi ou vivivi. Ceux-ci deviennent plus plaintifs lorsque les jeunes sont éloignés de leurs parents ou repoussés par des individus étrangers.

L’oie cendrée est une espèce aquatique qui nage plus souvent que les autres oies. À terre, elle marche avec moins de dandinements que les canards et elle est capable de courir avec vélocité. Lors des migrations, les troupes d’oies volent généralement en formation en V.

Le vol est puissant, rapide, régulier, avec des battements d’ailes assez lents. Cette espèce plane avant de se poser et, à la fin, chute brusquement.

Elles se nourrissent principalement à l’aube et en fin de soirée. Pendant le Zugunruhe ou en cas de sécheresse, elles peuvent se nourrir toute la journée.

Pour se reproduire, les couples se cantonnent dans les marais et près de lacs pourvus d’une importante couverture de roseaux et autre végétation, le plus souvent au voisinage de prés et de champs.

La saison de reproduction débute à des dates variables selon les régions : début mai en Islande, fin avril en Écosse, fin mars dans de nombreuses régions. Les aviculteurs utilisent des techniques d’exposition à la lumière artificielle pour modifier ces dates chez les variétés domestiques

Cet oiseau atteint la maturité sexuelle à l’âge de 3 ans en moyenne. Il peut vivre 20 ans dans la nature et 30 ans en captivitéLe record actuel européen de longévité dans la nature, constaté par baguage, est de 23 ans et 7 mois, sur un individu tué par collision avec une voiture.

Ces oies, selon les populations, hivernent aux Pays-Bas, dans le Sud de l’Europe et de l’Asie, jusqu’à l’Ouest de Afrique du Nord.

Dans certains pays où les populations sauvages sont en déclin, comme en Angleterre, il arrive que des individus domestiques revenus à la vie sauvage s’établissent et recolonisent la région

En ce qui concerne les oies cendrées domestiques, on les trouve en Europe, Asie et Amérique du Nord essentiellement

À l’état sauvage, cet oiseau vit dans des zones humides, souvent en bordure de marais, lacs, landes humides ou dans des zones d’estuaire comportant beaucoup de végétation. Pendant l’hiver, on peut aussi le rencontrer dans des chaumes, des prés et pâturages, voire dans des champs.

Lors des déplacements migratoires, les oies ont tendance à voler bruyamment, en formation en Vde 50 à 200 individus, quelques fois accompagnées d’autres oiseaux migrateurs comme les grues cendrées ou d’autres espèces d’oies. Même au sein des formations, les couples ne se séparent pas.

Le mot oie (oue au Moyen Âge) proviendrait d’un mot du bas-latin, auca] ou avica, désignant cet oiseau. Ce terme a remplacé anser, le nom latin de l’oie utilisé au moins depuis Plaute et qui est utilisé comme nom générique pour de nombreuses espèces d’oies. Le terme cendrée fait référence à la couleur grise de sa poitrine.

Au cours de l’histoire des sciences, cet oiseau s’est vu attribuer de nombreux noms scientifiques : Anser domesticus et Anser ferus (Gesner, 1617-21) selon qu’il était domestique (domesticus) ou sauvage (ferus), Oca paglietana (Gerini, 1767-76), Anser anser ferus (Bechstein, 1803), Anser cinereus (Meyer, 1810), Anser vulgaris (Pallas, 1811), Anas cinerea (Ranzani, 1821-23), Anser palustris (Fleming, 1828), Anser sylvestris (C. L. Brehm, 1830), Anser cineraceus (Marchand, 1877), ainsi que, pour la sous-espèce Anser anser rubirostris, Anser erythropus (G. R. Gray, 1844), Anser rubrirostris (Hodgson, 1844) et Anser cinereus rubrirostris (Swinhoe, 1871).

D’après Alan P. Peterson, cette espèce est constituée des deux sous-espèces suivantes :

  • Anser anser anser (Linnaeus, 1758) ; qui comprend au total cinq populations différentes en Europe occidentale et centrale (jusqu’en Roumanie) ;
  • Anser anser rubrirostris Swinhoe, 1871 ; qui comprend les populations du Sud-Est de la Turquie, et de l’Ouest de la Sibérie jusqu’à la Sibérie orientale.

Les races domestiquées sont regroupées sous le taxon :

  • Anser anser domesticus, Anser anser forma domesticus ou Anser anser var. domesticus.

Le plus ancien fossile d’oie cendrée a été découvert en Russie par Sergueï Roudenko et I. M. Pavlioutchenko en 1954. Ce fossile a été daté de la fin du Pléistocène, c’est-à-dire il y a entre 126 000 et 11 000 ans

L’animal sauvage avait été source de viande, de graisse, d’œufs et de plumes ; l’oie domestique a continué à jouer ce rôle.

Le duvet de cette oie a longtemps été utilisé pour fourrer les oreillers, les édredons, les matelas, les sacs de couchage et vêtements matelassés.

La viande, la graisse et le foie d’oie sont des mets de choix ; les œufs ont aussi été consommés pendant longtemps dans les campagnes d’Europe.

Les principaux prédateurs de l’Oie cendrée sont les rapaces, les Corvidés, les chiens errants, les renards… et l’homme. Outre la prédation directe, ce dernier menace les oies par destruction de leur habitat, par exemple par drainage des zones humides ou par extension de l’urbanisation, et par la pollution industrielle et agricole. Toute perturbation des zones humides, comme leur fréquentation par les touristes ou les chasseurs, fragilise ses populations.

Dans plusieurs pays d’Europe, des troupes d’oies en migration mettent régulièrement à sac des champs de pomme de terre ou de carottes. Bien que réglementée dans la plupart des pays, la chasse de cet oiseau est ainsi motivée non seulement pour la consommation de l’animal, mais aussi par un sentiment de revanche envers l’oiseau dévastateur. L’oie cendrée est l’oie la plus chassée en France.

L’Oie cendrée est aussi l’une des oies les plus sensibles à l’intoxication saturnine par l’ingestion de billes de plomb de chasse. Même si ces grenailles toxiques sont interdits en France et en Amérique du Nord pour les gibiers d’eau, la pollution des zones humides est souvent chronique.

La population sauvage est estimée entre 920 000 et 970 000 individus, elle est légèrement en hausse depuis quelques années, mais la population européenne connait une décroissance nette en Russie et en Islande.