Luscinia megarhynchos

Rossignol philomèle (Luscinia megarhynchos)

Le Rossignol philomèle (Luscinia megarhynchos) est une espèce d’oiseau de la famille des Muscicapidae. Il habite la forêt, de préférence proche de l’eau, mais on peut le trouver aussi dans les jardins, les bosquets ou vergers. Son chant est des plus mélodieux mais aussi des plus complexes, on dit qu’il chante, gringotte, quiritte ou trille, de jour comme de nuit. Il a fasciné les chercheurs qui ont dénombré entre 120 et 260 séquences différentes, elles durent en général de 2 à 4 secondes. Le jeune mâle apprend à chanter en écoutant les plus expérimentés et marque ainsi son territoire, ou tente de séduire les femelles. Dès qu’ils sont appariés, les mâles s’arrêtent généralement de chanter la nuit. Ceci laisse supposer que le célèbre chant nocturne sert avant tout à attirer les femelles. Les trilles du rossignol étaient jadis réputées calmer la douleur, accélérer les guérisons et adoucir la mort comme l’évoque le conte de Hans Christian Andersen l’empereur de Chine et le rossignol.

Son envergure est de 22 et 24 cm pour une hauteur d’environ 16 cm ; il pèse de 18 à 27 g. Son plumage est brun avec la queue rousse, ses pattes sont longues.

Elle a lieu de mai à juin. Son nid est peu ordonné et bas (rarement au-dessus de 30 cm), voire à même le sol. La femelle pond 4 ou 5 œufs qui sont bleutés ou verdâtres, un peu tachetés. L’incubation dure environ 14 jours. L’émancipation dure 11 à 12 jours et le vol suit peu après. La première nidification se passe au printemps suivant et les rossignols philomèles vivent jusqu’à 6 ans.

En septembre, il migre vers l’Afrique subsaharienne en passant par le détroit de Gibraltar ou par des endroits où l’étendue maritime n’est pas importante.

L’espèce Luscinia megarhynchos a été décrite par l’ornithologue allemand Christian Ludwig Brehm en 1831.

Dans les traditions populaires, le rossignol annonce le printemps, c’est l’oiseau du mois de mai, mais il est aussi et surtout le symbole de l’amour. Le comté de Nice a conservé son Rossignol qui vole dans les chants traditionnels et les rondes de mai, dont le thème a inspiré Tchaïkovski pour son Humoresque opus 10-2. Ode à un rossignol est un poème où John Keats se fond dans le chant du rossignol et l’émotion qu’il procure, meurt en lui puis comprend l’éternité de ce chant sans jamais pouvoir l’atteindre.

Admirable chanteur, que l’on entend mais que l’on ne voit que rarement, le rossignol est à l’origine d’un grand nombre de récits mythologiques, de légendes et de récits populaires qui tentent de donner une explication à ce que l’on observe dans la nature, ou ce que l’on sait ou l’on croit savoir sur la vie de cet oiseau. On a retrouvé un caractère triste, peut-être majoré par le fait qu’il est entendu principalement pendant la nuit, au chant du rossignol, et on a identifié une espèce de ce dernier à un personnage mythologique, Philomèle, qui, violée par son beau-frère Térée, se venge d’une manière terrible et sera transformée en rossignol, condamnée à chanter ses lamentations pour toujoursC’est un mythe très ancien, repris entre autres dans les Métamorphoses d’Ovide. Le rossignol a inspiré d’innombrables écrivains et artistes : Pétrarque aussi était attiré par la tristesse qu’il percevait dans le chant du « rossignol [qui] si suavement pleure […] Qu’il emplit de douceur le ciel et les campagnes Par tant d’accords si pitoyables et savants. »

Cependant, l’identification du rossignol avec la nostalgie et la tristesse n’est pas universelle, et elle interprète d’une manière fausse ce que nous apprend l’observation du comportement animal : en effet, le chant du rossignol est un appel du mâle pendant la saison des amours et la fréquence et l’intensité diminueront dès que son instinct sera satisfait. Ainsi, certaines traditions littéraires ou populaires considèrent que cet oiseau produit plutôt un chant d’amour et de réjouissance, comme le troubadour Gaucelm Faidit (env. 1150–1205) : « le rossignolet sauvage, j’ai entendu se réjouir… Dans le feuillage il donne l’amour, il réclame il le reçoit, il meut son chant joui jouissant (Laissiei mon joi a jauzir) » . Rossignol amoureux, rossignol poète, c’est une image que différentes cultures ont propagée. Les Oiseaux d’Aristophane évoquent le chant du rossignol comme un forme de poésie : c’est l’oiseau « aux doux chants, dont la voix égale celle des Muses […] qui module sur la flûte harmonieuse des accents printaniers ». Depuis le XIVe siècle de notre ère, la peinture et la littérature persanes, entre autres, ont célébré le thème du rossignol poète, amoureux de la rose : « O rossignol de l’aube, que ton cœur jouisse de l’union à la rose, car dans les allées tout est clameur amoureuse de toi », comme a écrit Hâfez de Chiraz (env. 1315–1390). Le poème de Marceline Desbordes-Valmore « Le rossignol aveugle » (Les Pleurs, 1833) reprend la tradition nostalgique, tandis que dans la nouvelle de Guy de Maupassant « Une partie de campagne », le chant du rossignol exprime à la fois l’érotisme de la situation et le sentiment de perte de la jeune fille séduite par un canotier alors qu’elle s’apprêtait à épouser son fiancé.