Le Rougequeue noir (Phoenicurus ochruros, S.G. Gmelin, 1774) est une espèce de petit passereau partiellement migrateur très répandu, de la famille des muscicapidés. On l’appelle parfois rossignol des murailles.
Adulte, le rougequeue mesure environ 14 cm de long et 25 cm d’envergure, et pèse de 14 à 20 g.
Le mâle a le plumage gris-noirâtre avec la calotte grise et une tache blanche sur l’aile. La poitrine est la partie la plus foncée de son corps. Le rougequeue noir a la queue orange brique, les sous-caudales et le croupion roux. Le bec très pointu, les yeux, les pattes et les doigts sont noirs.
En vol, on peut parfois discerner des plumes blanches sur les ailes.
La femelle est plus terne que le mâle, avec un plumage uniforme gris-brun cendré, le roux est inexistant chez elle. Sa poitrine grisâtre est légèrement striée de foncé.
Le juvénile de 1re année ressemble à la femelle, sauf que son plumage est légèrement plus brun et tacheté, et n’a pas de blanc sous les ailes. Ensuite à partir de son second automne, il ressemble aux adultes. Les adultes ne varient pas beaucoup en croissance, les mâles et femelles font la même taille.
Son cri est un « tsip » très bref ou un « tictictic » incisif et rapide. Son chant rapide et bref, pas très musical, est un « tsitsitseri » suivi d’un bruit de papier froissé et pour finir un « tsiatsia ».
Souvent il se perche sur le faîte d’un toit il lance son chant tel un défi, en gonflant les plumes de la poitrine et en inclinant la tête en arrière à la fin. Plus loin un congénère lui répond de la même façon. Il lui arrive de rester immobile sur une branche pendant plusieurs minutes en chantant.
Le rougequeue noir peut vivre jusqu’à 8 ans, 10 ans au maximum.
La présence humaine l’importune quelque peu, c’est pour ça qu’il ne faut pas tenir compte de sa présence pour qu’il se sente à l’aise. Souvent le rougequeue est dressé sur un fil un toit ou un rocher bien en évidence et il se met à chanter en gonflant les plumes de sa poitrine et en basculant la tête en arrière lors de la note finale. Un autre congénère plus loin lui répond alors aussitôt. Lorsqu’il se tient perché il agite sa queue d’une façon très saccadée. À terre il se déplace en sautillant, et il bouge en permanence.
Lors de la période nuptiale le rougequeue chante en quasi-permanence, et cela de plus en plus avec l’arrivée du printemps. Avant l’accouplement les individus de chaque sexe effectuent des sortes de danses aériennes. La plupart des rougequeues sont monogames, mais il est arrivé que certains mâles aient deux femelles.
Lorsqu’il est excité ou énervé le rougequeue lance des cris brefs, s’accroupit et agite sa queue nerveusement. Il défend beaucoup son territoire et en chasse les intrus, y compris les individus de sa propre espèce.
La femelle est une mère attentive. Si le petit vient à disparaître, elle l’appellera de un à trois jours, bravant les prédateurs chats ou chiens en les survolant en criant.
Il est insectivore et ses terrains de chasse préférés se situent aux alentours des étables et des puits, car il y trouve quantités d’insectes et de larves qu’il attrape au vol ou à terre pour en nourrir ses petits.
Lorsqu’il niche sur des rivages côtiers le rougequeue est très friand de minuscules crustacés.
En automne, il se nourrit également de baies, lorsqu’il ne trouve plus assez d’insectes
À partir de mars, le rougequeue commence à construire son nid avec des brindilles et des racines, le remplit de poils et en solidifie le fond avec des feuilles et de l’argile. Il revient chaque année pour nicher mais construit systématiquement un nouveau nid. Il niche uniquement dans le sud et le centre de l’Europe et de façon très localisée en Grande-Bretagne bien que l’on ait aussi trouvé des individus égarés qui ont niché en Écosse et en Norvège
Il niche dans toutes les cavités permettant d’accueillir un nid :
- dans les rochers et les murs jusqu’à une très haute altitude,
- dans les villes, derrière les gouttières et dans l’encadrement des fenêtres,
- dans les nichoirs.
Son aire de nidification est pourtant réduite, à cause du ravalement des façades ou la rénovation des vieilles bâtisses.
Le rougequeue produit deux à trois couvées par an, et revient nicher chaque année au même endroit, en construisant un nouveau nid ou en entretenant l’ancien nid.
La femelle pond environ cinq œufs blancs et parfois parsemés de taches brun-rouille d’environ 20 mm de long, qu’elle va couver seule pendant 13-14 jours. Les poussins sont nidicoles, et à leur éclosion ils possèdent seulement un léger duvet gris foncé épars sur le dos. Les parents les nourrissent donc durant leur séjour au nid.
Les jeunes quittent le nid au bout d’une douzaine de jours, mais comme ils ne savent pas voler ils restent cachés au sol, et se nourrissent par leurs propres moyens. À l’âge d’environ un mois ils font enfin leur premier vol.
On le trouve dans toute l’Europe excepté au-dessus du cercle polaire (bien que quelques individus égarés aient été aperçus en Islande), et dans toute l’Asie, sauf en Asie du Sud-Est et au Japon. À l’automne, les oiseaux nordiques migrent vers le bassin méditerranéen pour passer l’hiver. Quant aux individus d’Europe occidentale, ils sont sédentaires.
Les oieaux nordiques qui migrent l’hiver se rencontrent dans toute l’Afrique occidentale, l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient.
Étant originaire des régions de montagne, où les éboulis lui offrent de nombreux abris, cet oiseau recherche des lieux pour vivre lui rappelant son habitat d’origine. Le rougequeue noir vit donc dans les collines rocheuses, les zones montagneuses et sur les constructions dans les villes et les villages. On peut le trouver jusqu’à 2 500 mètres d’altitude.
Le rougequeue noir bénéficie d’une protection totale sur le territoire français depuis l’arrêté ministériel du 17 avril 1981 relatif aux oiseaux protégés sur l’ensemble du territoire. Il est donc interdit de le détruire, le mutiler, le capturer ou l’enlever, de le perturber intentionnellement ou de le naturaliser, ainsi que de détruire ou enlever les oeufs et les nids et de détruire, altérer ou dégrader leur milieu. Qu’il soit vivant ou mort, il est aussi interdit de le transporter, colporter, de l’utiliser, de le détenir, de le vendre ou de l’acheter.
D’après Alan P. Peterson, il existe 4 sous-espèces :
- Phoenicurus ochruros gibralteriensis (Gmelin, 1789) ;
- Phoenicurus ochruros ochruros (S.G. Gmelin, 1774) ;
- Phoenicurus ochruros rufiventris (Vieillot, 1818) ;
- Phoenicurus ochruros semirufus (Hemprich & Ehrenberg, 1833).
James Franklin Clements reconnaît deux sous-espèces supplémentaires :
- Phoenicurus ochruros phoenicuroides ;
- Phoenicurus ochruros xerophilus.
foto: Anonymus