Le Vautour fauve (Gyps fulvus), ou anciennement le griffon, est une espèce d’oiseaux nécrophage de la famille des Accipitridae.
Comme les autres vautours du genre Gyps, il possède un long cou et une tête qui, malgré la croyance, ne sont pas dénudés mais dotés d’un fin duvet. S’ils étaient emplumés, ils se saliraient trop lors des curées ; à l’inverse, une peau nue rendrait difficile le nettoyage. Le duvet permet d’effriter facilement le sang séché et donc d’améliorer l’hygiène de l’oiseau. Leur bec fort permet d’arracher muscles et viscères des carcasses, guidés vers l’œsophage grâce à leur langue en forme de gouttière. Leurs pattes, contrairement à celles de la plupart des autres Accipitridés, ne sont pas préhensiles, puisque qu’elles n’ont pas d’utilité pour la chasse et ne leur servent que pour se percher et marcher (ils ne peuvent même pas transporter avec elles une branche pour leur nid et doivent utiliser leur bec). Le poids moyen d’un Vautour fauve est de 9 kilos (6,5 à 11,5 kg) et son envergure est de 2,60 m (2,35 à 2,70 m). Sa longueur varie de 95 à 110 cm. Sa longévité est de 40 ans (± 10 ans).
Le Vautour fauve est un oiseau planeur ; lourd et massif, il utilise les courants ascendants thermiques et dynamiques pour planer et peut parcourir ainsi des centaines de kilomètres à la recherche de nourriture (300 à 400 km par jour, dans des conditions favorables).
Animal grégaire, le Vautour fauve vit en colonie, qui comprennent des aires et des reposoirs où les grands oiseaux se rassemblent et sont toujours a proximité de sources de nourriture. Ces surfaces sont en général orientées au sud ou au sud-est. Les Vautours fauves restent en hauteur (falaises) pour profiter des courants d’air et s’élever sans efforts.
Les vautours partent en petits groupes dans la matinée pour prospecter leur territoire à la recherche de nourriture et reviennent en fin d’après-midi.
Strictement charognard, il se nourrit sur les carcasses de grands animaux qu’il détecte du haut du ciel grâce à sa vue perçante. De nos jours, par suite de la raréfaction ou de la disparition des grands animaux sauvages (mouflons, chamois, bouquetins), le vautour fauve se nourrit principalement d’animaux domestiques morts (moutons, vaches, chevaux).
Souvent, tout un cortège d’animaux précèdent les vautours : grands corbeaux, milans, renards, etc. Ce sont d’excellents indicateurs pour les vautours, car, très farouches, ils ne se risquent à approcher une proie que quand il n’y a pas de danger.
Comme tous les vautours du genre Gyps, le Vautour fauve est un « tireur-fouilleur ». Son long cou lui permet de s’introduire dans les carcasses par les orifices naturels ou les zones de peau fine (mamelles, aines, aisselles). Il ne se nourrit que des chairs molles (muscles et viscères) et laisse le reste (tendons, cartilages, os…) à d’autres espèces, comme le Vautour moine ou le Gypaète barbu.
C’est en 1990, en Espagne, que la presse relaie pour la première fois une « attaque » de vautours à l’encontre de chevaux. Par la suite, ces publications se multiplient du côté espagnol des Pyrénées ; à partir de 1996, ce phénomène atteint le côté français, dans les Pyrénées-Atlantiques. Après un fort pic en 2007 cette polémique va gagner les autres zones fréquentées par les vautours : Alpes de Savoie et Causses. Pas moins de 1 165 cas d’attaque de bétail domestique par des Vautours fauves auraient ainsi été recensés en Espagne pendant la période 2006 – 2010. Cette recrudescence du phénomène, faits exceptionnels pour des animaux principalement charognards (plus de 1 % des curées lors du pic de 2007), pourrait être liée à la modification, en 2002, de la législation européenne pour les conditions sanitaires de l’élevage, qui a mené à la fermeture, en 2003, des muladares, des charniers illégaux espagnols jusque-là tolérés. Il s’est ensuivi une forte réduction, quasi instantanée, de la disponibilité alimentaire. Cela a entraîné une famine pour les nécrophages, dont une partie a émigré. Dans les années suivantes, on a observé un fort taux de mortalité et une baisse notable du succès reproducteur.
Souvent imputés à une surpopulation, ces phénomènes ne sont pourtant pas corrélés au nombre de vautours. Ainsi, dans les Pyrénées, on compte 6 attaques entre 1993 et 1996 pour plus de 300 couples ; on en compte 256 en 2007 lors du pic, pour 560 couples et seulement 52 en 2012 pour 830 couples
Peu de publications scientifiques documentent le sujet, mais Jean-Pierre Choisy résume et analyse ces comportements en 2013, dans la revue Nos Oiseaux.
Au XVIIIe siècle, le Vautour fauve nichait encore au sud de l’Allemagne, et plus haut encore aux XIIIe et XIVe siècles (à la latitude du Luxembourg).
Après avoir failli disparaitre et réduit à quelques petites populations ibériques et (naguère) balkaniques, cette espèce ne survit aujourd’hui qu’en montagne, dans des falaises, dans des zones désertiques et de grandes étendues dégagées. Des noyaux de recolonisation existent en Europe (Espagne et sud de la France principalement) d’où depuis le début des années 2000 des individus non nicheurs font des vols exploratoires vers le nord. L’ornithologue Michel Terrasse et Jean-Pierre Choisy (parc naturel régional du Vercors) estiment que ces vols sont naturels, ils ont en effet commencé avant la pénurie de nourriture de 2006 en Espagne, en s’amplifiant au fil des ans, avec une phénologie saisonnière (alors que la pénurie de cadavres en Espagne durait toute l’année). Des vautours de Croatie effectuaient aussi depuis longtemps des vols vers les Alpes autrichiennes. Une réduction de la nourriture disponible en Espagne pourrait avoir amplifié ces vols vers le nord. Michel Terrasse pense qu’ils pourront peut-être bientôt être vus en Pologne et Tchéquie « le rétablissement des routes migratoires, abandonnées depuis plus d’un siècle par les grands rapaces planeurs que sont les vautours, n’est plus une utopie… ».
Entre novembre et janvier, les couples de Vautours fauves se forment au sein de la colonie. Les oiseaux font alors des vols en tandem, le mâle planant au-dessus de la femelle le plus près et le plus longtemps possible. Le couple formé, ils construisent un nid d’un peu moins d’un mètre de large pour 20 cm de haut, fait de branches enchevêtrées au sein desquelles est creusée une légère dépression garnie de brindilles, plumes et lambeaux de peaux. Ils pondent chaque année un œuf unique au mois de janvier ou février. L’incubation dure en moyenne 55 jours (50 à 57. Le jeune reste au nid pendant quatre mois. L’adulte lui apporte sa nourriture qu’il quémande avec une attitude de soumission. Il ne fera son premier vol qu’entre le 15 juillet et le 15 août et restera dépendant de ses parents encore un à deux mois
Victimes de leur mauvaise réputation, les vautours avaient fortement régressé en Europe, et dans le pourtour méditerranéen, et même totalement disparu sur une vaste partie de leur aire naturelle de répartition. Les populations ont commencé à remonter dès les années 1980 après l’interdiction des pratiques d’empoisonnement des nuisibles dans les années 1970. En effet, oiseau nécrophage, il capte les substances toxiques des charognes dont il se nourrit.
Pour accélérer ce retour naturel, des programmes de protection et de réintroduction ont été mis en place (notamment par le FIR, depuis fusionné avec la LPO, en France dès 1976 dans les Grands Causses). Les lâchers de jeunes adultes ont été les plus efficaces (en termes de survie à long terme) et ils ont permis de reconstituer une population viable. On dénombrerait en 2017 un peu moins de 600 couples pour les seuls Causses. Ils sont aussi présents dans les Pyrénées et le sud des Alpes.
À partir de 2003 les vautours ont été victimes de l’interdiction des charniers à ciel ouvert (à la suite d’une directive européenne qui a fait suite à la crise de la vache folle), directive qui est toujours appliquée en Espagne (un pays où les vautours sont bien représentés). Des bandes de vautours fauves explorant de nouveaux territoires ont été aperçues à des centaines de kilomètres de leur territoire (Nord de la France, Allemagne). En juin 2007, jusqu’à 200 vautours survolaient la Belgique et les environs. En juin 2012, des vautours ont élu domicile dans les cavités des parois calcaires de la montagne Saint-Pierre, massif à la frontière belgo-néerlandaise.
La Commission européenne a précisé que sa directive permettait des dérogations en Espagne, au Portugal, en France, Italie et Grèce, si les carcasses offertes à la faune sauvage ne présentaient aucun risque pour la santé et sont exemptes du prion de l’ESB. L’Espagne a utilisé cette dérogation via un Décret Royal. Le 24 avril 2009, le parlement européen a voté l’autorisation d’utilisation des carcasses d’animaux pour nourrir les rapaces nécrophages.
Actuellement les premières causes de mortalité anthropique sont les collisions avec les lignes électriques et les électrocutions, bien que de nombreux aménagements soient mis en place par EDF pour réduire cet impact.
Le saturnisme aviaire induit par l’ingestion de gros animaux tués par grenaille ou balle en plomb est une source commune de saturnisme et de mortalité qui peut être réduite par l’offre de carcasses saines.
Le vautour fauve Gyps fulvus a été testé en tant qu’espèce-sentinelle pour la biosurveillance du plomb (en intégrant les signatures isotopiques et en utilisant des modélisations (sur la base de 691 échantillons de sang d’oiseaux prélevés sur 5 ans). Cette expérience a notamment montré que le risque de saturnisme est très élevé pour cette espèce : 44,9 % des vautours fauves testés (soit 15 % de la population européenne) présentait des plombémies très élevées (> 200 ng/ml) expliquées d’une part par des sources géologiques et d’autre part par des sources anthropiques (munitions telles que grenailles ou balles à base de plomb notamment, source d’un saturnisme animal dû à la toxicité de ces munitions). Cette expérience s’intègre dans une approche de type One health.
Le Vautour fauve bénéficie d’une protection totale sur le territoire français depuis 1972, renforcé par la protection de l’ensemble des rapaces en 1976 et enfin par l’arrêté ministériel du 17 avril 1981 relatif aux oiseaux protégés sur l’ensemble du territoire. Il est inscrit à l’annexe I de la directive Oiseaux no 79/409/CEE de l’Union européenne, à l’annexe II de la convention de Berne du 19 septembre 1979 relative à la conservation de la nature en Europe, à l’annexe II de la convention de Bonn du 23 juin 1979 relative à la conservation des espèces migratrices (du fait de l’erratisme juvénile amenant les oiseaux à beaucoup voyager au début de leur vie), à l’annexe II de la convention de Washington du 3 mars 1973 relative au commerce international d’espèce menacée (CITES) et de fait, par l’annexe I du Règlement communautaire no 3626/82/CEE déclinant la convention de Washington à l’échelle européenne.
Il est donc interdit de le détruire, le mutiler, le capturer ou l’enlever, de le perturber intentionnellement ou de le naturaliser, ainsi que de détruire ou enlever les œufs et les nids et de détruire, altérer ou dégrader leur milieu. Qu’il soit vivant ou mort, il est aussi interdit de le transporter, colporter, de l’utiliser, de le détenir, de le vendre ou de l’acheter.
D’après Alan P. Peterson, cette espèce est constituée des deux sous-espèces suivantes :
- Gyps fulvus fulvescens Hume 1869, sous-espèce qui se rencontre dans la partie orientale de l’aire de répartition du fauve, vers l’Himalaya ;
- Gyps fulvus fulvus (Hablizl) 1783, la plus commune au niveau mondial et la seule présente en Europe.
Dans Delta du Danube c,est rare, plus tot environ de les mountains de Macin.